“Oser, se former, et revenir”
- Youssef Ziraoui

- il y a 2 jours
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Youssef Abbas, ingénieur généraliste du numérique, raconte son parcours entre Rabat et Paris, des classes préparatoires à l’ISEP jusqu’à ses missions dans de grands groupes en France, avant de revenir au Maroc pour contribuer à la transformation digitale du pays. Une trajectoire guidée par la curiosité, la rigueur et l’ambition de toujours apprendre.

J’ai grandi à Rabat, où j’ai obtenu un baccalauréat scientifique option physique au lycée Riad Al Maarifa. J’ai toujours été attiré par les sciences et la technologie, ce qui m’a naturellement conduit vers une classe préparatoire scientifique (PC). Cette formation, que j’ai suivie au lycée Victor Hugo à Besançon, a été une étape exigeante : elle m’a appris la rigueur, la persévérance et la gestion du stress. Avec le recul, je me dis parfois qu’une prépa intégrée comme celle que propose aujourd’hui l’ISEP m’aurait offert une voie plus fluide, avec une progression plus rassurante et une immersion dans les technologies dès la première année. Si j’avais connu cette option plus tôt, je l’aurais sérieusement envisagée.
L’approche par projets
Après deux années de prépa, j’ai intégré l’ISEP à Paris. Ce qui m’a immédiatement séduit, c’est le caractère généraliste de l’école et sa capacité à couvrir tout le spectre des technologies du numérique : réseaux, télécoms, systèmes embarqués, cybersécurité, informatique… L’approche par projets a joué un rôle déterminant. Dès les premières années, nous étions plongés dans des mises en situation proches de celles d’une entreprise, avec des objectifs concrets, des délais et une vraie collaboration d’équipe. J’ai aussi beaucoup apprécié la proximité avec les entreprises et l’ouverture internationale. Mon stage en Suède, chez Volvo Trucks, reste l’une de mes expériences les plus marquantes, tant sur le plan humain que professionnel.
À l’ISEP, j’ai choisi la spécialité Réseaux et Télécom, un domaine qui a évolué à une vitesse incroyable depuis mes débuts. Quand j’ai commencé, on travaillait encore principalement sur des infrastructures physiques et sur le déploiement de la 4G. Chez Bouygues Telecom, j’ai participé au dimensionnement des réseaux 4G ; chez SFR, j’ai travaillé sur l’optimisation des performances sur des zones sensibles comme les axes TGV ou les autoroutes. Puis tout s’est transformé : virtualisation des réseaux, SD-WAN, cloud, IoT, et désormais 5G. Ces mutations ont élargi le champ de compétences nécessaire et m’ont poussé à évoluer vers des projets de plus en plus transverses.
J’ai ensuite rejoint Air Liquide, où j’ai découvert une autre facette du métier : la gestion de projets complexes, impliquant des équipes variées et des environnements internationaux. Travailler dans de grands groupes m’a appris la rigueur, l’importance de la qualité et la coordination entre des centaines d’acteurs. Ces expériences m’ont donné une méthodologie solide, une vision globale et une capacité à gérer des projets à grande échelle — des compétences qui me servent encore chaque jour.
Le Covid, un tournant
La période du Covid a été un tournant. Comme beaucoup, j’ai pris du recul, et cette période a accéléré une décision que je mûrissais depuis longtemps : revenir au Maroc. Je voulais me rapprocher de ma famille, mais aussi contribuer à un marché technologique en pleine transformation. J’ai rejoint la Société Générale Maroc, où j’ai piloté un programme stratégique d’obsolescence IT. La transition n’a pas été simple, mais j’ai été frappé par la qualité des talents marocains : des ingénieurs brillants, agiles, créatifs, capables de répondre à des enjeux complexes avec une grande maturité.
Aujourd’hui, je suis Senior Technology Project Manager chez Percall, un poste situé à l’interface entre la France et le Maroc. Je pilote des projets technologiques pour des secteurs stratégiques comme l’énergie, la santé ou la cybersécurité : migrations de données, upgrades applicatifs, maintenance applicative… Mon rôle consiste à garantir la marge projet, la qualité des livrables, la coordination entre les équipes techniques et la relation client. Gérer des équipes réparties entre les deux pays demande beaucoup d’adaptation : les cultures de travail diffèrent, mais se complètent très bien. En France, les processus sont très structurés ; au Maroc, on observe une grande réactivité et une capacité à trouver rapidement des solutions. Mon objectif est de créer un cadre commun qui valorise le meilleur des deux mondes.
Investir dans sa formation
Dans un secteur aussi dynamique, la formation continue est indispensable. J’ai investi dans des certifications en gestion de projet et en gestion de process, ce qui m’a permis d’élargir mon champ d’action. Aujourd’hui, je considère que trois axes sont essentiels pour un ingénieur : la maîtrise des technologies cloud et des réseaux virtualisés, les certifications (PMP, Prince2, ITIL, AWS/Azure…), et les soft skills — communication, gestion d’équipes multiculturelles, adaptabilité.
Si je devais donner un conseil aux étudiants marocains ou aux jeunes diplômés qui envisagent des études d’ingénieur en France, je leur dirais d’oser. Une école comme l’ISEP offre une formation solide, une immersion internationale et des opportunités professionnelles exceptionnelles. Et pour ceux qui souhaitent revenir au Maroc après quelques années, je pense que c’est un choix très pertinent : le pays vit une profonde transformation digitale et recherche des profils expérimentés capables d’apporter leur savoir-faire acquis à l’international. Le plus important est de rester curieux, de continuer à se former et d’avoir l’ambition de participer au changement.






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