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«L’éducation sexuelle», c'est l'éducation à la vie...

Longtemps considérée comme taboue, la sexualité s’insinue de plus en plus dans le débat public marocain. D’aucuns souhaiteraient même qu’elle soit enseignée à l’école. Plus qu’un simple cours d’éducation sexuelle, c’est un module « d’éducation à la vie » qu’il faudrait introduire dans notre système éducatif.


On ne va pas y aller par quatre chemins, notre école va mal. Et c’est, pour le moins, grave. Une éducation défaillante, c’est une société malade ! Je ne parlerai pas uniquement ici de ce qu’on appelle communément «l’éducation sexuelle» mais plutôt de ce que j’intitulerais «l’éducation à la vie».

La première question qui se pose est celle-ci : comment parler à nos jeunes de sexualité alors que nous ne leur avons pas encore expliqué comment s’aimer, s’affirmer, avoir confiance en soi, se respecter et respecter les différences des autres? Nos écoles ne mettent le curseur que sur un seul et même point : l’obtention du diplôme. Aucune ne nous apprend à vivre, à être un élément efficace et équilibré dans le puzzle sociétal.

Partant de ce constat, quels objectifs devrait-on poursuivre? Surtout, comment les mettre en place ?

Communiquer plus pour s’estimer plus


Commençons par le commencement. Une structure éducative efficace devrait inclure des cours de formation à diverses connaissances (bien sûr) mais aussi des cours qui devraient nous permettre de vivre en paix avec nous-mêmes et avec les autres.

Que de jeunes j’ai reçus dans mon cabinet médical durant ces 17 ans de pratique en tant que thérapeute conjugale et familiale et qui se sentaient perdus malgré une ribambelle de diplômes prestigieux. Beaucoup d’entre eux n’arrivaient pas à trouver un poste en adéquation avec leurs attentes. Ils ne savaient tout simplement pas comment faire partie d’une équipe, comment s’adapter à leur environnement, comment s’accomplir, évoluer…

Les premiers cours « d’éducation à la vie » à mettre en place chez nous sont ceux de l’estime de soi. En effet, le Marocain et la Marocaine ne s’aiment pas au mieux et se détestent au pire! Comment voulez-vous aimer les autres si vous vous insupportez vous-même ? C’est tout bonnement impossible. Comment voulez-vous réussir votre vie et plus précisément votre vie professionnelle si vous croyez que vous ne méritez pas ce que vous possédez, que vous êtes nul, que personne (à commencer par vous-même) ne vous apprécie ou apprécie votre travail?

Le deuxième cours à mettre en place concernerait le sens de la communication. C’est à mon sens, l’un des atouts qui manquent le plus cruellement à nos étudiants. C’est souvent la cacophonie qui prime : tout le monde parle en même temps et personne n’écoute l’autre comme si ce que nous avions à dire était à ce point capital qu’il nous dispenserait d’être attentif à ce qui se dit autour.

L’éducation sexuelle est un frein à la débauche


Ce que j’appelle « l’éducation à la vie » doit bien sûr comprendre tout un volet sur «l’éducation sexuelle ». Nous venons tous au monde à travers l’union intime de deux êtres… Comprendre les mécanismes à l’œuvre dans cette intimité et donc d’où nous venons est une condition sine qua none pour gagner en estime individuelle.

Il est établi que la sexualité possède deux rôles : celui de la procréation (ce qu’on enseigne en cours de sciences naturelles) et celui d’instrument de plaisir. Dans ce cas, plutôt qu’une approche scientifique au sens « science dure » du mot, mieux vaut opter pour un enseignement prodigué par des professionnels de la santé, des sexologues, des psychologues voire des sociologues du comportement.

L’union sexuelle doit être envisagée comme la connexion physique entre deux corps et de deux esprits mais aussi comme l’expression d’émotions et de sentiments.

La sexualité témoigne de la sacralité de l’être humain. L’enseigner aux élève ou aux étudiants ne peut donc être assimilé à de la débauche. Bien au contraire.


À propos de l'auteur

Auteure d’ouvrages sur les questions de sexologie, Amal Chabach est la première femme médecin sexologue au Maroc. Très présente sur les réseaux sociaux, notamment sur Youtube avec sa web TV et sur Facebook où elle compte près de 100 000 fans, cette diplômée de l’Université Bobigny à Paris anime également un site internet dédié aux questions de sexologie, psychologie et coaching.


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