top of page

« Je rentre au Maroc définitivement »

Comment et pourquoi les jeunes diplômés et cadres marocains formés à l’étranger envisagent- ils le retour au Maroc? Et une fois installés dans leur pays d’origine, que pensent-ils de leur choix? Afin d’apprécier la trajectoire des compétences marocaines ayant étudié hors de leur base, AMGE Alumni a réalisé un sondage auprès de cette population. Synthèse et analyse avec le président-fondateur de l’association.




D’abord, un constat: quand, au Maroc, la proportion de diplômés Bac+5 ou plus est minime (7 % des étudiants, soit environ 50 000 élèves, sont en niveau Master ou Doctorat), en France, environ 1 étudiant marocain sur 3 (sur les 35 000 installés dans l’hexagone) poursuit des études en CPGE, écoles d’ingénierie ou en écoles de commerce, et autre diplôme de niveau Master. C’est dire l’enjeu que représente le retour de ces étudiants pour investir le marché du travail et pour l’économie marocaine, en demande de compétences.


Retourner au pays, oui mais...


Mais alors, qu’est-ce qui pousse les étudiants et les jeunes diplômés marocains à revenir au bercail, après plusieurs années passées sur les bancs des universités et grandes écoles françaises ? Afin de sonder les motivations de notre diaspora estudiantine, AMGE Alumni a sondé un panel représentatif d’étudiants installés en France.



Méthodo: Les bons comptes font les bons...alumnis

AMGE Alumni a réalisé une étude sur le retour, sur la base d’un sondage, mené pendant le 4e  trimestre 2016, et portant sur un échantillon de près de 140 répondants intéressés par le retour au Maroc: 

- 53% lauréats d’écoles de commerce, 37% lauréats d’Ecoles d’Ingénieurs, 10% lauréats de Grands Etablissements ou Universités
- 46% travaillant au Maroc, 44% en France et 10% à l’étranger (hors France) 


Les métiers de notre échantillon sont des métiers « classiques » pour des jeunes diplômés : 32% sont dans le conseil et l’audit, 21% dans la banque et finance, 13% dans l’industrie, 8% dans l’IT, 6% dans le commerce/distribution. Pour autant, de plus en plus d’entrepreneurs et de professions libérales (10% de notre échantillon) s’intéressent au sujet du retour, ce qui représente une dynamique intéressante qui sera amenée à progresser. 

Enfin, l’échantillon est compris à 10% de personnes ayant plus de 10 ans d’expérience, à 41% de personnes ayant plus de 5 ans d’expérience, 27% ont 3 à 5 ans d’expérience, 19% ont 1 à 2 ans et 10% sont des étudiants

Le premier enseignement de cette étude concerne l’horizon du retour : si 61% des sondés ont un objectif de retour au Maroc à terme, le come-back au pays est conditionné par un objectif précis (principalement une première expérience réussie à l’étranger mais aussi une naturalisation, une première évolution professionnelle). 31% estiment rentrer après une première expérience réussie (2/3 ans) et 22% après une confirmation professionnelle (plus de 5 ans) ; ou bien personnel : 16% attendent une naturalisation avant de rentrer, et 11% attendent simplement la conclusion de leurs études au vu d’attaches personnelles existantes. Et les autres ? Un tiers du panel considère le retour comme une éventualité et non un objectif en soi. Autre conclusion du sondage, moins d’un étudiant ou jeune actif sur 10 (8% précisément) envisage une installation permanente dans le pays d’accueil.


Est-ce que tu as du réseau?


Notre échantillon concerné par le retour a bien compris qu’il fallait mixer les techniques et les canaux pour postuler. Le recours à un chasseur de tête et la candidature directe restent néanmoins les deux approches les plus envisagées par les jeunes diplômés avant de rentrer :




Ceci dit, tous les créneaux ne se valent pas. La preuve en chiffre: parmi les étudiants déjà rentrés, l’utilisation du (ou des) réseaux demeure l’outil le plus efficace, ayant permis le plus souvent de trouver la bonne opportunité ayant généré l’acte du retour :




Enfin, pour ceux qui sont au Maroc et qui ont changé d’orientation professionnelle, plus de 70% l’ont fait via le réseau personnel, contre 13% via un chasseur de têtes et 13% via une candidature directe. Ce qui confirme l’importance du réseau pour la suite de la carrière professionnelle.


Le re-départ n’est pas taboue


Après être rentrés au Maroc, la majorité de notre échantillon caresse l’idée de revenir en Europe ou à l’étranger. En effet, seuls 20% ne pensent pas repartir : le retour au Maroc n’est ainsi pas majoritairement un terminus pour notre échantillon. Pour autant, seulement 30% des personnes sondées souhaitent réellement repartir dès qu’une opportunité professionnelle le permet, ou bien dès que possible. Pour la « majorité silencieuse » constituée par 50% de notre échantillon, le re-départ reste une éventualité possible, à laquelle on pense parfois sans pour autant mettre en œuvre les moyens pour y arriver. Ce résultat laisse penser que le diplôme étranger (et donc reconnu à l’international) permet à notre échantillon de disposer d’un « plan B», d’une assurance contre les aléas de l’insertion professionnelle.


Les avantages du retour


Avant de rentrer, les diplômés pensent principalement gagner en style de vie, et en valorisation du diplôme. Les 3 principaux avantages du retour, perçus par les personnes cherchant à rentrer, sont majoritairement liés à la qualité de vie et à la valorisation du diplômé, avec de manière accessoire l’ambiance de travail et la culture. Une fois rentrés, les diplômés trouvent non seulement ce qu’ils sont venus chercher, mais aussi des belles opportunités de croissance professionnelle. De fait, les principaux avantages du retour, constatent les sondés, sont la valorisation du diplôme étranger, un style de vie de meilleure qualité ainsi que plus d’opportunités de prise de responsabilité professionnelle. Quant aux obstacles au retour, ceux qui sont rentrés confirment avoir subi la lourdeur des processus de recrutement et le manque de visibilité sur l’évolution des carrières. Par contre, la mention de l’importance du « piston » dans le recrutement s’estompe entre les réponses des personnes à la recherche du retour et celles rentrées au Maroc, ce qui semblerait indiquer que ce paramètre est soit galvaudé dans les esprits, soit accepté en tant que constituant du «réseau ». Je profite de cette tribune pour adresser un appel aux dirigeants et aux responsables de recrutement. Faire évoluer les processus de recrutement et être clair (et fiable) sur les trajectoires de croissance professionnelle sont les deux actions les plus susceptibles de contribuer au retour de ces diplômés.



Trois conseils aux cadres et jeunes diplômés résidant à l’étranger

- Le choix du retour, bien que semblant pesé et réfléchi a posteriori, est avant tout un choix du cœur trouvant son origine dans le tempérament de la personne. La connaissance de soi-même, de ce que l’on aime faire, de nos ambitions, de notre personnalité est une première étape primordiale. 

- La connaissance de l’environnement de travail où on va atterrir: non seulement l’entreprise, ses valeurs et son potentiel de croissance, mais aussi et surtout la qualité de ses ressources humaines (notamment le chef hiérarchique) sont des critères importants qu’il faut bien connaître avant de sauter le pas.

- La préparation psychologique au changement : choisir d’aller travailler au Maroc n’est pas un retour à une situation stable, mais une évolution et un challenge dans un environnement où les opportunités sont généralement plus intéressantes, mais où les conditions de travail sont plus mouvantes. Vous n’embarquez pas dans un train monté sur rails, avec des destinations connues à l’avance, mais plutôt sur une moto de cross-country où vous devez savoir suivre le sillon, et faire du hors-piste. Enfin, et pour conclure, le Maroc est et restera NOTRE pays, qui ne pourra être développé que par ses citoyens et ses forces vives.

bottom of page