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“L’EDHEC forme des entrepreneurs prêts à créer, diriger et faire croître des entreprises à fort impact.”

  • Photo du rédacteur: Youssef Ziraoui
    Youssef Ziraoui
  • 1 août
  • 9 min de lecture

Depuis ses racines lilloises au début du XXe siècle jusqu’à son implantation à Station F et son partenariat avec Berkeley, l’EDHEC s’impose aujourd’hui comme un acteur de premier plan de l’écosystème entrepreneurial international. Portée par une vision cohérente et des outils concrets, l’école forme des créateurs d’entreprise résolument ancrés dans les enjeux de leur temps. Dans cet entretien exclusif, le Prof. Ludovic Cailluet, Associate Dean de l’EDHEC Centre for Responsible Entrepreneurship, revient sur la philosophie d’action de l’EDHEC, l’évolution des aspirations étudiantes, et l’ambition d’une formation entrepreneuriale responsable, professionnalisante… et durable.


Prof. Ludovic Cailluet - Associate Dean de l’EDHEC Centre for Responsible Entrepreneurship
Prof. Ludovic Cailluet - Associate Dean de l’EDHEC Centre for Responsible Entrepreneurship

L’EDHEC se classe aujourd’hui parmi les écoles les plus dynamiques de France en matière de réussite entrepreneuriale, aux côtés de HEC, l’INSEAD et l’ESSEC. Qu’est-ce qui, selon vous, explique cette réussite ? Et comment l’école a-t-elle construit cet ancrage si fort dans l’entrepreneuriat ?


L’EDHEC a été créée à Lille en 1906 pour répondre aux besoins des entreprises industrielles de cette région textile. Les fondateurs de l’école étaient eux-mêmes des entrepreneurs et les élèves venaient très largement de ce milieu. Les entreprises familiales sont aussi profondément liées à l’histoire de l’école. Nombre de nos alumni sont des créateurs et des repreneurs d’entreprises. L’entrepreneuriat a fait l’objet d’un enseignement formalisé plus tard bien sûr, avec des programmes spécialisés en Bachelor et Master, ainsi que dans les programmes d’executive education. Parallèlement, nos programmes d’incubation existent depuis plus d’une dizaine d’années. Lorsque Station F - le plus grand campus de startup au monde - a ouvert en 2017, l’EDHEC a été parmi les premières avec HEC et l’INSEAD à s’y installer, confirmant l’importance du sujet pour l’école et sa volonté d’y investir des ressources importantes. Depuis trois ans, je dirige le Centre for Responsible Entrepreneurship qui pilote l’ensemble de nos activités d’enseignement, de recherche et de soutien aux entrepreneurs auquel est associé le fonds d’investissement « Générations » géré par Ring Capital. Nous disposons donc d’un ensemble cohérent autour de l’entrepreneuriat et des pratiques responsables, de l’initiation des étudiants jusqu’au financement des entrepreneurs issus de l’EDHEC.



Lorsque Station F - le plus grand campus de startup au monde - a ouvert en 2017, l’EDHEC a été parmi les premières avec HEC et l’INSEAD à s’y installer.


Selon une étude que vous avez réalisée (NewGen Talent), vous observez au sein même des classes préparatoires une évolution des aspirations : 4 étudiants sur 10 se projettent en créateurs d’entreprise ou en freelance. Comment expliquez-vous ce “virage générationnel” ?


Sans être sociologue, je pense que le virage évoqué traduit une évolution profonde des aspirations. Cette génération recherche avant tout autonomie et liberté : être maître de son temps, de ses projets et de son environnement professionnel devient une priorité. Elle aspire également à donner du sens à son travail, en s’engageant dans des causes qu’elle juge essentielles comme l’environnement, l’innovation ou l’impact social. L’entrepreneuriat est perçu comme un levier concret pour agir rapidement et librement. L’accessibilité croissante à la création d’entreprise, largement encouragée en France et soutenue par des financements publics — via les outils numériques, les réseaux, les incubateurs — combinée à l’influence de figures inspirantes issues des start-ups ou du freelancing, renforce cette dynamique. Par ailleurs, les jeunes remettent en question les trajectoires professionnelles linéaires et recherchent davantage de flexibilité dans leur parcours. Ce mouvement ne traduit pas un désengagement vis-à-vis du travail, mais plutôt une volonté forte de construire un avenir professionnel à leur image, aligné avec leurs valeurs, leurs talents et leurs aspirations.


Discussions d’avenir entre esprits entreprenants, signées EDHEC x Station F
Discussions d’avenir entre esprits entreprenants, signées EDHEC x Station F

On parle souvent d’entrepreneuriat, mais dans les faits, beaucoup d’écoles se contentent d’un ou deux modules isolés. En quoi la formation que vous proposez aux entrepreneurs est-elle structurée, outillée, et surtout professionnalisante ?

 

À l’EDHEC, l’entrepreneuriat est pensé comme un véritable parcours structuré, professionnalisant et outillé, accessible à tous les profils. Dès la phase de découverte, les étudiants sont immergés dans une culture entrepreneuriale vivante grâce à des formats comme « Start Now » ou « From Scratch », qui permettent d’explorer, tester et s’inspirer auprès d’entrepreneurs expérimentés. Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, des dispositifs comme « L’Étincelle », un certificat online développé avec le podcast Générations Do It Yourself (GDIY) de Mathieu Stefani, le Startup Challenge, un cours ouvert à tous les étudiants de 1ere et 2e année du Programme Grande Ecole ou « CEO for 6 months », la possibilité d’effectuer son stage dans sa propre entreprise - offrent un cadre de pré‑incubation rigoureux, combinant accompagnement individualisé, masterclasses, bootcamps intensifs et ressources pratiques pour transformer une idée en projet viable.

L’incubation s’appuie quant à elle sur trois structures de référence – à Paris Station F, Sophia Antipolis (pour les projets Deeptech) ou sur le Campus Jean Arnault à Lille – et donne accès à un écosystème riche de mentors, d’experts métiers et de fondateurs chevronnés. Le tout repose sur une méthode originale, “Responsible Entrepreneurship by Design”, qui intègre dès le départ des enjeux de responsabilité sociale et environnementale. Grâce à une pédagogie ancrée dans la réalité des start-ups, des outils concrets et une logique de résultats, l’EDHEC forme des entrepreneurs prêts à créer, diriger et faire croître des entreprises à fort impact.



Dès la phase de découverte, les étudiants sont immergés dans une culture entrepreneuriale vivante grâce à des formats comme « Start Now » ou « From Scratch »



Comment intégrer les cursus entrepreneuriaux de l’EDHEC ? Sont-ils ouverts à tous les étudiants dès l’entrée à l’école ou faut-il candidater à une spécialisation ?


Tous les étudiants, quel que soit leur choix de spécialisation et à toutes les étapes de leur cursus dès leur entrée à l’école, ont la possibilité de bénéficier de l’accompagnement des équipes d’EDHEC Entrepreneurs. S’ils le souhaitent, ils peuvent choisir d’intégrer en dernière année la MSc in Entrepreneurship & Innovation pour se spécialiser dans le domaine de l’entrepreneuriat, qu’ils aient un projet de création, de reprise ou encore la volonté de travailler dans l’écosystème entrepreneurial au sein de fonds de venture capital, d’un incubateur ou comme salarié d’une start-up.


Peut-on dire qu’un étudiant EDHEC peut, s’il le souhaite, construire son projet dès le premier jour à l’école, jusqu’à la levée de fonds ou l’implantation à l’international ?


Absolument, ce parcours est rendu possible grâce à une stratégie cohérente et ambitieuse portée par EDHEC Entrepreneurs (nos programmes d’idéation et d’incubation), et renforcée par des alliances internationales structurantes comme Innova Europe et le partenariat avec UC Berkeley SkyDeck.

Dès leur entrée à l’école, les étudiants peuvent bénéficier d’une phase de sensibilisation à l’entrepreneuriat à travers des modules concrets (Start Now, From Scratch), avant de rejoindre des dispositifs plus avancés comme L’Étincelle ou le Startup Challenge, qui leur permettent de passer de l’idée à un projet structuré. Le parcours se poursuit avec une phase d’incubation dans l’un des trois incubateurs de l’EDHEC (Paris–Station F, Nice-Sophia Antipolis ou Campus Jean Arnault à Lille).

L’alliance Innova, qui fédère l’EDHEC avec 10 autres institutions d’excellence en Europe, et surtout le partenariat avec SkyDeck, l’accélérateur de l’université de Berkeley, offrent aux porteurs de projet l’accès à des écosystèmes mondiaux d’innovation, de financement et de scale-up. Grâce à ces passerelles, une start-up née à l’EDHEC peut être accompagnée jusqu’à son implantation en Silicon Valley, en bénéficiant de programmes d’accélération, d’opportunités de levées de fonds et d’une exposition à des marchés internationaux.


L’EDHEC dispose d’un Centre pour l’entrepreneuriat responsable. Pourquoi ce positionnement “responsable” vous semble-t-il aujourd’hui indispensable ? Et comment cela se traduit-il dans la construction des projets ?


Les pratiques responsables correspondent pour nous à la manière dont les entrepreneurs peuvent intégrer la responsabilité dans leurs décisions stratégiques et opérationnelles. Elles reflètent les choix internes d'une entreprise dans des domaines tels que la gouvernance, l'utilisation des ressources, la gestion d'équipe et l'interaction avec la communauté. Sur la base de notre modèle de recherche, nous identifions quatre dimensions clés :

-        L'environnement (la gestion des émissions, de la consommation de ressources, de la consommation d'énergie et de l'interaction plus large avec les écosystèmes naturels).

-        Les activités sociales (attention à l'inclusion, à l'équité, au bien-être des individus au sein de l'organisation et aux relations établies avec les communautés environnantes).

-        La gouvernance (transparence des processus,  prise de décisions éthiques, responsabilisation des structures de leadership).

-        Le champ sociétal  (contribution active aux défis collectifs, renforcement des valeurs démocratiques et poursuite de la résilience sociétale à long terme).

Au moment où ces dimensions sont remises en cause à la suite des élections américaines par exemple ou des pratiques de grands acteurs de la technologie et du digital, il nous paraît essentiel d’affirmer une volonté et de fournir aux étudiants et aux futurs entrepreneurs des outils concrets dès les premiers jours de leur projet de création. Nous avons développé la méthode RED pour « Responsible Entrepreneurship by Design » qui est diffusée au sein des enseignements de l’école et via une série d’outils auxquels nos entrepreneurs sont formés au sein des programmes d’incubation.


 À Lille, le campus Jean Arnault de l’EDHEC s’impose comme un haut lieu de l’innovation et de l’entrepreneuriat
 À Lille, le campus Jean Arnault de l’EDHEC s’impose comme un haut lieu de l’innovation et de l’entrepreneuriat

L’échec fait partie intégrante du parcours entrepreneurial, mais il reste parfois tabou en contexte académique. Quelle place accordez-vous à cette notion dans vos formations ? Préparez-vous aussi les étudiants à gérer un projet qui ne décolle pas ?


C’est une très bonne question et il est important de l’évoquer avec les étudiants. En effet les statistiques sont cruelles et la mortalité des jeunes entreprises reste importante. Les enseignants-chercheurs en entrepreneuriat évoquent systématiquement ces faits et nous faisons régulièrement témoigner des entrepreneurs dans les cours qui évoquent les difficultés et les échecs qu’ils ont connus. Nous abordons d’ailleurs la question de l’échec avec transparence et en nous préoccupant notamment de la santé mentale et du bien-être des entrepreneurs pendant le programme d’incubation.

Pour autant il faut rester optimiste car trois ans après la sortie de nos programmes d’incubation plus de 80% des entreprises fondées à l’EDHEC sont toujours en vie.


Comment l’EDHEC continue-t-elle à soutenir ses diplômés entrepreneurs une fois sortis de l’école ? Existe-t-il un accompagnement post-études, notamment via le réseau alumni ou des programmes de suivi ?


L’EDHEC a mis en place un accompagnement solide et durable pour soutenir ses diplômés entrepreneurs bien au-delà de la fin de leurs études. Ce soutien post-études s’articule autour de plusieurs leviers concrets, qui témoignent de l’engagement de l’école à accompagner les trajectoires entrepreneuriales dans la durée.

D’abord, les alumni peuvent intégrer l’un des incubateurs EDHEC Entrepreneurs après leur diplôme, ces structures offrent un accompagnement sur mesure : coaching stratégique, ateliers spécialisés, accès à un large réseau d’experts, de mentors et d’investisseurs, ainsi qu’un soutien opérationnel quotidien pour accélérer leur croissance. Cet accès est entièrement ouvert aux anciens élèves, quelle que soit leur date de sortie de l’école.

Ensuite, l’EDHEC s’appuie sur la force de son réseau alumni, riche de plus de 55 000 membres dans le monde, dont de nombreux entrepreneurs, investisseurs et dirigeants. Ce réseau joue un rôle central dans le partage d’expériences, le mentorat, l’ouverture de marchés et les mises en relation stratégiques. Des événements réguliers – comme les « Entrepreneurs Meetups », les « EDHEC Rendez-Vous » ou les pitchs alumni – facilitent les connexions et les collaborations.

Enfin, l’école propose un programme de suivi sur le long terme, notamment à travers l’EDHEC Alumni Entrepreneurs Club, qui rassemble les anciens élèves fondateurs ou dirigeants de start-up. Ce club organise des sessions de formation continue, des conférences avec des experts de la tech, du financement ou de l’impact, et favorise l’accès à des partenaires comme Bpifrance, French Tech ou UC Berkeley SkyDeck.


L’EDHEC accompagne depuis des années de nombreux étudiants marocains, dont certains sont devenus entrepreneurs à succès. Pourriez-vous partager quelques exemples emblématiques de ces parcours ?


Il est parfois compliqué de répondre à cette question car nous n’interrogeons pas nécessairement les participants sur leur nationalité ! Pour autant je peux vous dire que cette année 22 étudiants marocains au moins suivent les activités entrepreneuriales à l’EDHEC. Un exemple est celui d’Amine Chraibi qui est un ancien Startup Analyst de l'association étudiante Révélation Entreprendre (ex-TEE), qui a ensuite développé un projet dans le cadre du Startup Challenge et qui, une fois installé à Nice, a continué de participer aux activités de notre incubateur niçois.

Parmi les alumni marocains de l’EDHEC on peut citer dans le domaine de l’entreprenariat à impact Amine Derj qui, après son MBA, a fondé à Rabat Jodoor, un réseau de fermes franchisées, modernes, écologiques, spécialistes des légumes à feuilles et herbes aromatiques de haute qualité.

 


Cette année, 22 étudiants marocains au moins suivent les activités entrepreneuriales à l’EDHEC.


Au-delà de l’accompagnement de vos propres étudiants, comment l’EDHEC contribue-t-elle plus largement à l’écosystème entrepreneurial en France ou à l’international ?


L’EDHEC joue aujourd’hui un rôle actif et structurant dans l’écosystème entrepreneurial, bien au-delà de l’accompagnement de ses propres étudiants. Son engagement se traduit par une stratégie d’ouverture, de collaboration et d’impact qui vise à faire émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs responsables, tout en renforçant les dynamiques locales, nationales et internationales de l’innovation.

En France, nous sommes reconnus comme un acteur majeur de l’entrepreneuriat. L’EDHEC collabore étroitement avec des partenaires publics et privés tels que Bpifrance, la French Tech, Réseau Entreprendre ou encore des collectivités territoriales pour stimuler la création d’entreprise sur l’ensemble du territoire. Par ses trois incubateurs (Station F à Paris, TechForward à Sophia Antipolis, et le Campus Jean Arnault dans les Hauts-de-France), elle participe au dynamisme de pôles d’innovation stratégiques, en offrant ses espaces, son expertise et son réseau à des entrepreneurs issus d’horizons variés, pas uniquement issus de l’école. L’Étincelle, par exemple, comme nos programmes d’incubation à Station F ou Tech Forward sont ouverts à tous, diplômés EDHEC ou non, et témoignent de cette volonté d’ouverture.

À l’international, l’EDHEC contribue à des alliances puissantes, comme Innova Europe, qui rassemble 11 universités européennes autour de l’innovation responsable, et son partenariat avec l’université de Berkeley (SkyDeck) permet à des start-ups françaises d’accéder aux meilleurs écosystèmes mondiaux, notamment en Californie. Ces accords favorisent non seulement l’internationalisation des projets incubés, mais créent aussi des ponts entre les hubs d’innovation européens, nord-américains et asiatiques.

L’EDHEC est aussi bien sûr productrice de connaissances à travers ses travaux de recherche et ses publications, notamment sur l’entrepreneuriat à impact, les entreprises familiales ou les modèles économiques durables. Elle contribue ainsi à faire évoluer les pratiques entrepreneuriales en profondeur.

En somme, l’EDHEC se positionne comme un catalyseur d’écosystèmes, capable d’ouvrir son expertise, ses outils et son réseau à l’ensemble de la société, en France comme à l’international, dans une logique de contribution et de transformation durable.


 
 
 

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