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Étudiant marocain en Chine, comment je vis confiné depuis trois mois

Lâché par l'ambassade marocaine, Abderrahman, étudiant marocain en Chine dans une des provinces les plus touchées par la pandémie de Coronavirus, a fait contre mauvaise fortune bon coeur. Voici son histoire.



Coucher de soleil de l'université de Wenzhou (shutterstock)



Je m’appelle Abderrahman, j’ai 26 ans. Originaire de Casablanca, j’ai une licence en génie industriel. Je suis arrivé en Chine en septembre 2019 pour étudier le chinois et acquérir des expériences commerciales qui pourraient m’aider à démarrer mon propre projet. C’est à l’université de Wenzhou, dans la province de Zhejiang, à 400 kilomètres au sud de Shanghaï, que j’étudie. Whenzhou a été l’une des villes les plus touchées par le coronavirus au début de la pandémie.


Franchement, tout dans cette ville est beau : c’est une ville propre et ses habitants sont très gentils et sociaux, même s’il est difficile de communiquer avec eux mais ils essaient toujours de nous aider et de communiquer avec nous. Tout le monde ici respecte les lois et nous respecte. J’avais des préjugés sur les Chinois avant de venir, je pensais qu’ils étaient racistes, mais c’est tout le contraire.


Aménagements


Je vis actuellement dans la résidence de l’université avec près de 350 autres étudiants étrangers. La quarantaine a été annoncée très soudainement, le 25 janvier. Nous avions deux heures pour faire nos courses et revenir. Nous ne savions pas combien de temps le confinement allait durer, ni de quelle manière.


Nous avons décidé de nous y tenir, mais rapidement, cela est devenu très difficile, la majorité des étudiants n’avaient plus de quoi se nourrir, ce qui a incité les responsables de l’université à ouvrir pour nous une cantine dans la résidence à un prix raisonnable. Ensuite, ils nous ont installé une salle de jeux et de sport. Après cela, nous pouvions commander tout ce que nous voulions de l’extérieur. Il y avait une personne chargée de répondre à nos besoins à qui nous transmettions nos listes de courses.


Un peu plus d’un mois après le début de la quarantaine, nous pouvions aller au supermarché une fois toutes les deux semaines et à la banque une fois par semaine. Et depuis la fin du mois de février, nous pouvons aller une fois par semaine au campus pour profiter de ses stades et des équipements sportifs. 


Aujourd’hui, nous pouvons sortir un jour par semaine avec beaucoup de confort, et la vie devrait redevenir normale à partir du 10 mai.


« J’avais peur de porter le virus »


Au début de la quarantaine, j’ai voulu rentrer au Maroc mais ce qui m’a fait rester, c’est la peur de porter le virus, surtout que je devais me rendre à Shanghaï en utilisant le train pour ensuite prendre l’avion. Mes parents m’ont demandé de rentrer mais j’ai menti au sujet des informations, je leur ai dit que le virus était loin de la ville où j’habite.


Après le départ des premiers Marocains de Chine rapatriés au Maroc, j’ai tenté de joindre l’ambassade avec d’autres Marocains bloqués comme moi, mais pour être franc avec vous, je n’ai pas aimé la façon avec laquelle ils nous ont répondu. Ils ont simplement dit qu’ils allaient prier pour nous, et nous n’avons plus eu de nouvelles. J’ai donc décidé de ne plus les appeler et de rester en Chine.


J’aimerais quand même me faire rapatrier au Maroc, ma famille et mes amis me manquent tellement et mon visa expire ce mois-ci… J’ai donc réessayé de les appeler cette semaine pour savoir si je pourrai rentrer au Maroc mais personne ne répond.


« Trois frères »


Dans la résidence universitaire, nous sommes trois Marocains, trois frères plutôt. Nous dépendons les uns des autres pour tout, nous avons la même routine, nous nous réveillons pour étudier en ligne, nous cuisinons nos repas ensemble ou nous les prenons à la cantine. Nous sommes devenus accros aux vidéos d’Hassan El Fad et nous regardons des séries pour passer le temps. La même chose se répète quotidiennement.


Nous ne savons pas quand les cours reprendront. Actuellement, nous utilisons des applications pour étudier et nous devons rendre nos « homeworks » à la fin de la journée. Les cours se font via des appels vidéo.


Au début de l’épidémie, j’étais très anxieux, mais j’ai trouvé un moyen de me débarrasser de l’anxiété avec l’aide de mes amis sur les réseaux sociaux. Ils ont toujours été là pour me soutenir, certains d’entre eux voulaient même me réserver un billet d'avion pour revenir malgré mon refus. Cela m’a fait plaisir et m’a rendu fier d’avoir de tels amis. Sans oublier le grand rôle qu’a joué mon équipe de football préférée, le Raja. Grâce à de belles victoires, j’ai oublié l’épidémie !


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